Poème de Marcel Martinet mis en chanson par Gérard Pierron sur l'album "Plein chant".
Je n'ai rien refusé, homme au milieu des hommes
Des joies et des douleurs dans la communion
L'esprit, le cœur, la chair n'étaient point économes
J'acceptais la tempête et la tentation
Je n'ai rien refusé de la tendresse humaine
Et je n'ai pas soustrait mes jours inanimés
Au grand rythme orageux qui emporte et ramène
La fierté, le bonheur et la folie d'aimer
Je n'ai rien refusé de la tendresse humaine
J'ai vu rire mes yeux dans les yeux d'un ami
J'ai contemplé, ployé la chaude et douce chaîne
D'un beau corps féminin en mes bras endormi
Je n'ai rien refusé de la tendresse humaine
Et lorsque j'ai senti saigner et tressaillir
Sous de mornes regards ou des faces sereines
D'inguérissables plaies et de muets martyrs
Je n'ai rien refusé de la souffrance humaine
Et sachant le silence et que rien n'est meilleur
J'ai gardé les vaincus, leurs regrets et leurs peines
Silencieusement bercés contre mon cœur
Je n'ai rien refusé de la souffrance humaine
Et dans ce siècle épais sous qui l'homme est broyé
Quand vibrait, malgré tout, la plainte aérienne
De ceux qui sont maudits et qui sont dépouillés
J'ai pris ma fière part dans la révolte humaine
Et hors les doigts raidis de l'homme assassiné
Mes doigts n'ont point tremblé de dégainer la haine
La haine, arme d'amour au poing des condamnés.