Alors voilà qu'encore une fois les moutons se pressent pour dire "moi aussi".
Cette fois, les foules disent #JeSuisCharlie, en "hommage" aux victimes de l'attentat à Charlie Hebdo.
Mais ce message, #JeSuisCharlie, ce n'est pas #SoutienACharlie, ce n'est pas #AvecCharlie, ni #PlusJamaisCharlie ou #UnisPourCharlie, non. Tout à coup on se dit être Charlie et on se revendique en rempart contre la barbarie et défenseur de la liberté d'expression, prêt à mourir pour elle.
Comme il est rassurant de voir tant de concitoyens si courageux ! Ca fait vraiment chaud au cœur. Et comme c'est facile, surtout, de se prêter tant de bravoure derrière son écran ou protégé par la foule.
Les victimes de Charlie Hebdo, elles, n'étaient pas protégées par la foule. Comme l'écrit Matt Welch: It's harder, and ultimately less rewarding to the fanatical mind, to hit a thousand small targets than one large one. Charlie Hebdo était plutôt isolé dans un paysage médiatique tiède, complaisant et politiquement correct. Cela en faisait la cible.
Alors les #JeSuisCharlie peuvent défiler en bombant le torse, ce qui compte c'est ce que chacun ferait s'il était vraiment menacé. Et quand on voit la soumission ambiante par peur de perdre son petit confort ou d'avoir moins que le voisin, j'ai des doutes sur le courage des #JeSuisCharlie face à un vrai danger.
Je ne jette pas la pierre. Chacun fait ce qu'il peut en mettant en balance ses convictions et la peur, peur du chômage, peur du déclassement, peur de la mort. Simplement, je trouve que dire "moi non plus j'aurais pas peur" quand on n'est pas exposé au danger, c'est jouer la comédie et c'est surtout rabaisser le courage dont faisaient preuve les victimes, comme si tout le monde était capable de la même attitude.
Je ne suis pas Charlie. Je ne sais pas si je serais Charlie si je recevais des menaces de mort. Et j'espère ne jamais le savoir.