Petit retour d'expérience détaillant la construction d'une serre de
jardin entre février et juin 2021.

Cette construction est largement inspirée de
celle-ci, ainsi que des explications dans [5]. On peut cliquer sur les images pour les agrandir et les faire défiler.
- Lieu, orientation, contraintes
- Fondations
- Structure
- De la maçonnerie
- Aménagements
- Habillage
- Et ensuite
- Pour finir
La serre sera construite dans le jardin, le long d'un mur de soutènement
existant, sur lequel elle s'appuiera. Ce muret en pierres apportera de l'inertie,
surtout à mi-saison pour emmagasiner de la chaleur la journée et la restituer
la nuit. Il aura aussi un rôle de régulation d'humidité.
Le plus grand des deux pans du toit sera orienté au sud-sud-est,
parallèlement au mur de soutènement. La pente de ce pan sera de 60 degrés,
ce qui d'après [5] est correct. Rappelons
que la pente du toit doit permettre de capter davantage de lumière
en hiver quand le soleil est bas, et moins en été quand il est haut et
chauffe beaucoup. Le flux de lumière est maximal quand les rayons arrivent
perpendiculairement à la paroi.
Cette pente permet en outre de respecter certaines contraintes :
un parterre par rapport auquel
il fallait garder une distance d'environ 1 mètre pour circuler, et
des largeur et hauteur pour la serre permettant d'y circuler à l'aise
tout en ayant des bacs de culture assez larges. La structure envisagée avait deux
pans de toiture, les parois verticales étant les deux pignons, le mur
de soutènement et les parties basses soutenant les pans de toiture. Dans
ces conditions, une pente de 60 degrés permet d'accéder aux bacs côté
sud à l'intérieur sans trop devoir se baisser.
Le deuxième pan de toit s'appuiera sur une structure posée sur le mur et aura une pente
plus faible, notamment pour avoir une dimension de porte correcte.
Il sera une bonne partie du temps à l'ombre du frêne du voisin.

Toute la structure reposera sur le mur de soutènement et quelques parpaings
pour l'isoler du sol.
Elle sera en Douglas, avec principalement des sections de 50x100mm et 100x100mm.
Un point important était que la serre puisse être entièrement démontée sans
qu'il reste de fondations, une dalle ou quelque verrue que ce soit, histoire
de minimiser son empreinte dans le temps. Toutes les vis seront en inox étant
données les conditions d'humidité.
A l'intérieur de la serre, une allée centrale permettra d'accéder à
des bacs surélevés tout le long des côtés. Le contenu de ces bacs ne sera
pas isolé de la terre, pour profiter de toute la vie du sol ainsi que
de l'eau qui s'y trouve.
Pour la ventilation, on envisage une porte en deux parties sur le pignon nord-est
et une « fenêtre » sur le pignon sud-ouest. Le pignon nord-est, le plus froid et
recevant peu de lumière, sera un peu isolé et paré d'un bardage. Toutes les autres
parois seront en bâche de serre.
Première chose à faire : poser 8 parpaings tous les 1,4m environ,
sur lesquels seront posés les premiers éléments de la strucure en bois.
Evidemment le sol n'était pas droit, et la pose des parpaings
en commençant par la partie la plus basse permet d'avoir une base plane,
en décaissant l'empreinte des parpaings dans la partie la plus haute.
Avant cela, on prépare les parpaings en leur ajoutant des morceaux
de douglas en 50x100mm, fixés par des chevilles. Cela permettra de plus facilement
aligner les parpaings en posant des poteaux le long de ces morceaux, et les
poteaux seront ensuite fixés sur ces morceaux de bois pour constituer
le bas de la structure.








La structure est composée de morceaux de bois équarris de 50x100mm et des poteaux de 100x100mm,
ce qui permet de faire rapidement des alignements entre deux pièces. N'avoir pratiquement
que des pièces de 50x100mm facilite aussi la commande de bois, et esthétiquement je trouve ça
sympa. La longueur des chevrons, avec seulement deux appuis, nécessite une certaine section
et à vue de nez une chevron 60x80 me semblait un peu limite.
On commence par la partie simple, la petite partie verticale côté sud-est, sans ouverture,
et sur laquelle reposera le plus grand pan de toiture. Un poteau dans les coins, avec
petite découpe pour assemblage avec une pièce du côté perpendiculaire. Pour le reste,
des bois verticaux entre des bois horizontaux, le tout supportant une lisse un peu
décalée vers l'intérieur et un morceau plus petit qui servira de butée pour les chevrons.




Etape suivante: des poteaux verticaux pour la porte et le pignon nord. On utilise
deux bois pour tenir le poteau droit le temps qu'il soit fixé:

Idem pour l'autre pignon. Pour le poteau central qui soutient la faîtière,
on utilise un support pour poteau, à enfoncer dans le sol. Il faut juste le mettre
bien dans l'axe entre les deux poteaux des pignons.




Ensuite, on attaque les chevrons centraux côté sud-est. La découpe des chevrons,
en appui sur la faîtière, ne pose pas de soucis, avec des angles de 60 et 30 degrés.

Maintenant qu'un côté tient bien, on attaque la fixation d'une lisse sur le mur de
soutènement (avec des grosses chevilles), sur laquelle on viendra poser la même structure
que côté sud-est, mais moins haute. La contrainte est que le toit ne mange pas la hauteur
nécessaire pour la porte: pas envie de se baisser pour rentrer et sortir !



On ajoute les chevrons, fixés à la fois sur la faîtière et entre eux via des petites
planches de 27mm d'épaisseur.


On fixe de longs bois de 27x80mm sur les chevrons pour contreventer, ainsi que des
entretoises entre les chevrons. À ce stade, y'a plus rien qui bouge !
On comble l'espace entre le sol et la structure, avec des pierres et un mortier
à la chaux (2 volumes de sable 0-4 pour un volume de chaux NHL 3.5). Ce n'est pas
la partie la plus amusante du chantier : c'est long, ça caille, c'est au sol.
Mais ça jouera son rôle d'échanchéité et d'apport d'inertie.




On bouche aussi les espaces entre la structure et le mur de soutènement, avec du
mortier un peu partout.

Il faut ensuite construire les bacs un peu surélevés pour les cultures. Des
planches "toutes largeurs" en douglas de 27mm font l'affaire, fixées sur des chutes
de chevrons ou autre dans les angles.


Le long de la paroi côté sud-est, le bac de culture n'ira pas jusqu'au bord de la serre,
ce ne serait pas pratique pour y accéder. On pose un reste de géotextile, et des planches pour cacher
pierres et parpaings, en appui sur le géotextile. Il ne devrait rien pousser ici.


On construit ensuite le reste des bacs de culture. Les mini-poteaux sont percés
à une extrémité avec un forêt de 16mm de diamètre. On enfonce ensuite un fer à béton dans le
sol et on enfile le mini-poteau sur le fer à béton. Ça permet un peu de jeu et une fois les
planches fixées, ça ne bouge plus.
Les fers à béton sont enfoncés au travers du géotextile, qui ne bougera plus non plus.


On ajoute des traverses pour relier les mini-poteaux. Ça consolide et on pourra
s'appuyer dessus quand on va trifouiller dans la partie du bac la plus éloignée
de l'allée centale, allée qui prend forme, d'ailleurs.


On remplit l'espace au-dessus du géotextile avec des pierres. Cela apportera
encore de l'inertie pour la mi-saison.

Le pignon nord est habillé d'une sous-toiture et d'un bardage, histoire de laisser
respirer tout en protégeant du vent.
La bâche en plastique sera posée directement sur le bois; on aggrafe sur les arrêtes
des restes de géotextile, dans l'idée que ça protégera le plastique de potentiels
éclats de bois ou du frottement sur le bois.


La bâche de serre a été commandée et découpée de façon à limiter les pertes. On commence
par habiller le pignon sud-ouest. La bâche est aggrafée puis surtout des tasseaux de 27x40mm
sont vissés pour la fixer contre la structure. A ce stade, la fenêtre n'est pas encore prête.
Quand elle le sera, on découpera la bâche et on refixera la découpe sur l'ouvrant de la
fenêtre.

On ajoute la porte au pignon nord-est. Elle est en deux parties, de façon à pouvoir
ouvrir la partie haute pour ventiler mais en empêchant l'accès aux chats. Bon, en vrai
ils sauteront du muret sur la fenêtre et on utilisera un bout de grillage pour les en
empêcher. Au fil du temps, l'idée leur passera et plus besoin du grillage. Quand il
fera très chaud, on ouvrira aussi la partie basse. Avec la fenêtre au pignon opposé,
l'air circulera bien.


Avant de fermer en ajoutant la bâche en toiture et sur les petits murs verticaux,
on profite que l'accès est facile pour remplir les bacs de terre végétale. Quelques
mètres cubes, pas non plus la partie la plus palpitante, ni la plus reposante. C'est
le moment de faire appel aux bras des amis.


Il ne reste plus qu'à mettre la bâche sur la structure entre les pignons. C'est un
seul morceau de 5,5m de large et 6 ou 7m de long. On la fixe aussi avec des lattes
de 27x40mm vissées sur les chevrons.


La première fois qu'on rentre une fois la serre complètement bâchée, la lumière
est impressionnante car ces bâches sont faites pour disperser la lumière. Avec le temps,
la bâche s'opacifiera et, même si cela signifie moins d'apport de lumière et donc de
chaleur, ce n'en sera pas plus mal car la température intérieure atteignait rapidement
40 degrés, surtout avant que la fenêtre du fond soit faite. Certains changent ces bâches
tous les 2 ou 3 ans, mais pour un usage non professionnel ce serait du gâchis. Ce genre
de bâche peut remplir son office longtemps.
Reste ensuite à ajouter la fenêtre du fond, avec un crochet pour la maintenir
fermer, un autre plus long pour la maintenir entrouverte, et un autre à l'extérieur
quand elle est complètement ouverte. On ajoute un petit treillis pour empêcher
les chats de rentrer.


Du broyas de bois est épandu dans l'allée, histoire d'éviter la pousse de végétaux.
Avec les chutes de bâche, on fabrique des mini-serres pour les semis. Avantage :
elles permettent de garder l'humidité au plus proche des godets et offre une
isolation supplémentaire les nuits de printemps.


Les deux premières années, la bâche laissait passer beaucoup de lumière et
on atteignait les 40 degrés. Des canisses qui passaient par là ont trouvé un
usage. Les lattes de fixation de la bâche se sont révélées très pratiques pour
poser une échelle afin de monter dans toucher la bâche.

Pour l'arrosage, un trou dans la base sous la fenêtre permet de passer un tuyau
d'arrosage, relié aux tonnes d'eau dans la partie haute du jardin. On bénéficie
ainsi de l'eau par gravitation.

Plutôt que de transporter le compost de toilettes sèches du fond du potager
jusqu'à la serre pour l'ajouter aux bacs, l'idée d'un compost directement dans
la serre semblait une idée séduisante: proximité de la source et de la destination,
et le processus de compostage produit de la chaleur utile pour prolonger les cultures
à l'automne ou favoriser la germination au printemps. Donc c'est parti pour
l'ajout du composteur.


Cependant, ce composteur est surtout devenu une formidable usine à mouches,
des centaines de mouches incapables de sortir de la serre, attirées par la lumière
diffuse. Le composteur sera donc rapidement remplacé par un bac de culture
supplémentaire.
Par la suite, on ajoutera tout un réseau de cordelettes et de mousquetons pour
facilement tuteurer tout ce qui veut grimper, des concombres aux melons, et
soutenir les pieds de tomates.

- Il faut penser à l'arrosage en amont. La terre sèche vite dans la serre, qui ne reçoit ni pluie ni neige; de plus, la ventilation dès le printemps pour éviter les surchauffes participe à la perte d'humidité.
- L'hiver, on couvre les bacs avec des bâches pour éviter que la terre ne se déssèche. Juste avant, on donne à manger au sol du compost de toilettes sèches.
- La culture de courges n'est pas forcément l'idée du siècle, un seul pied
pouvant devenir rapidement envahissant.
- Au niveau du coût, entre le bois, les vis, la bâche, on devait être autour de 1000€, ce qui n'est pas si cher compte tenu de la surface.